Une balade en pleine nuit dans une forêt du Gévaudan, qu’elle idée mais qu’elle idée… Je ne sais même plus pourquoi j’étais ici à la base, mais une chose est sûre j’étais terrorisé. Tout, tout autour de moi inspirait la peur, que ce soient la brume qui avait commencé à ramper puis à prendre de l’ampleur dans la soirée ou la légère pluie tombant sans bruit sur le tapis de feuilles mortes.
Puis la lune, magnifique lune, astre d’argent régnant en maître sur la terreur des hommes.
Reine de légende, je me souviens encore des propos que tenait mon grand-père sur toi.
« Méfie toi de la Lune comme tu te méfie du loup, elle est belle mais inaccessible et dangereuse. Méfie toi de la Lune mon petit, méfie toi… »
Je sais aussi que ta lumière, si douce mais pourtant si traître, est l’élément déclencheur de la lycanthropie…
Je secoue la tête, j’ai 23 ans je ne devrais plus croire à ses histoires, mais pourtant la lueur fantomatique du disque lunaire faisait remonter en moi une foule de sensations oubliées, refoulées : la peur, l’oubli, la curiosité, l’envie…
Puis je les aperçois, les arbres. Arbres tendant leurs doigts décharnés vers le ciel comme dans l’espoir de vivre plus longtemps.
Une légende à demi racontée, à demi oubliée refait surface. Se creusant un laborieux chemin à travers le labyrinthe de mon esprit.
« On raconte que dans les temps anciens les arbres étaient vivants. Ils étaient libres, libre d’aller et venir, libre de rester sur place. Ils étaient les gardiens de ce royaume enchanté qu’était le monde il y a bien longtemps. Mais un jour l’Homme est arrivé, mutilant, blessant, tuant tout sur son passage. Ils prirent le pouvoir de force et transformèrent le Paradis en enfer, supprimant la magie et la beauté. Les arbres se virent alors doucement mourir. Privé de leur âme, ils dépérirent et finirent par se figer.
L’on raconte que dans les forêts immémoriales on peut parfois entendre, les nuits de pleine lune, les gémissements et les cris de douleur de ces êtres qui se virent si vite privés de liberté… »
Cela ne pouvait être vrai, ce n’était qu’une vielle légende racontée de père en fils au pied d’un grand feu. Une citation me revint en tête comme on prend une claque à l’arrière du crâne.
« Chaque légende à sa part de Vérité…»
J’avais l’impression que mon esprit jouait avec moi à un jeu sadique où lui seul connaissait les règles. J’étais là, planté dans cette clairière, incapable du moindre mouvement. Autour de moi les arbres sans feuilles et sans vie, les pierres sans visage et les animaux riant aux éclats semblaient me fixer.
Une voix arrive à mes oreilles mais résonne étrangement dans ma tête. Je n’arrive pas à en capter le sens.
« Monsiemuornsimeounrsimeounrsieur…»
Je l’ignore préférant me concentrer sur les lumières dansantes qui s’approchent. J’ai peur, je recule, une racine, je chute, une larme brille sur ma joue, je tente de reculer, encore, mon corps ne répond plus, je les vois, les feus dansants, de toutes les tailles, de toutes les couleurs puis ce fut…le noir…le noir…le noir…le noir…
« On est en train de le perdre ! On dégage ! »
Nouvelle impulsion électrique. Le corps qui se soulève. Absence de reprise.
« C’est trop tard, il est fini les gars… »
Il y a des jours comme ça où la mort refuse de rendre son tribut.
C'est la dernière rédac' que j'ai faite ^^ Je l'aime tellement que je la poste ici. Je précise que la brouillage ce certain mot est volontaire.